Des astuces pour vivre en paix, libéré de nos objets

Comme cette petite fille à la mine effarée, vous avez manqué le passage des encombrants. Devant votre fenêtre, vous suivez du regard la fumée du pot d'échappement, dernière trace tangible laissée par le camion déjà loin maintenant. Vous vous dites alors "Oh non ! Quelle catastrophe !"

Mais rassurez-vous, il y a plein de façons de se débarrasser de nos objets inutilisés de façon durable. On revient sur les structures qui prônent la récup' et luttent contre les déchets, ces derniers terminant, la plupart du temps, sous les feux de l'incinération.

L'objet de mes désirs

Si à l'époque, on avait demandé à un mammouth son avis sur les chances de survie de l'espèce humaine, il est fort à parier qu'il n'aurait pas misé gros sur nos chairs. Et pourtant, la Femme et l'Homme à la peau fine ont subsisté, alors qu'ils avaient tout d'une proie idéale : pas d'épines, de coquille ou de carapace pour se protéger. Nous n'avons pas eu vent non plus de champions médaillés dans la catégorie Homo-Sapiens à l'épreuve du sprint au sein du règne animal.

C'est bien un cerveau plus développé, comparé à celui des autres vertébrés, qui a entraîné une adaptation plus facile à leur milieu en constante évolution, leur permettant de coopérer, créer et innover : création d'outils, de vêtements, d'objets afin de palier à leur vulnérabilité naturelle. Cette évolution matérielle sommaire, répondant à une nécessité face aux menaces extérieures, va de paire avec la recherche de sécurité et le besoin de posséder pour contrer le manque de  défenses. Partant d'un besoin de survie, la possession de certains objets est devenue peu à peu une marque d'ascension sociale pour certains, un symbole d'appartenance  pour d'autres ou encore, un synonyme de confort sinon, les trois à la fois. Aujourd'hui, une confusion demeure entre besoins et désirs. Or, ne pas les reconnaître et ne pas être capable de les nommer peut directement impacter sur la qualité de vie et créer une dépendance envers nos objets chéris. C'est de cette carapace dont nous peinons parfois à nous débarrasser (la peur peut-être de se retrouver nu.e ? ), que l'on abordera dans cette article ; cette multitude de choses qui nous entoure, nous rassure pour finir par nous encombrer. Alors, on entasse dans un coin et on remplace dans un autre. On fait de nos possessions des petits riens, des petits restes d'une histoire bientôt oubliée. Le latin nous rappellera que le préfixe res signifie « choses » ou « rien ».

Et si l'on faisait de nos objets abandonnés autre chose que des rescapés du container à déchet ?  Et si on se mettait à les restaurer pour qu'ils resplendissent à nouveau ?

C'est l'heure des calculs

Avez-vous déjà osé compter le nombre d'appareils électro qui ont élu domicile sur vos étagères et dans vos armoires ? Certains d'entre-eux mordant la poussière depuis quelques années déjà, d'autres se lamentant d'avoir été jetés aux oubliettes. Une étude Recupel (2018) nous informait qu'un « ménage belge possède en moyenne 77 appareils électro, soit quelque 378 millions pour tout le pays. Et 46 millions d'entre eux ne sont plus utilisés. » Ce qui représente une moyenne de 9 objets laissés au vestiaire par famille. Et qui dit inutilisé ne veut pas forcément dire hors d'usage. Sur le podium, on retrouve tout d'abord les projecteurs dia et vidéoprojecteurs, les jouets électriques ensuite et enfin, les téléphones portables.

Dans un petit mois, on dit ciao à l'hiver ! Sorti.e de notre tanière et armé.e d'une panoplie d'ustensiles de ménage, on se lance dans le fameux nettoyage de printemps qui fera place au grand désencombrement. Mais après avoir fait le tri, comment donner un nouveau souffle à nos trucs,  nos brols ? La bonne nouvelle, c'est qu'en matière de seconde vie, le vent tourne depuis quelques années et les initiatives écologiques, économiques, sociales ne manquent pas pour contrer la mécanique du jetable et du stockage de nos laissés-pour-compte. On fait le point sur les initiatives publiques et citoyennes qui font honneur à notre bon cœur ne fonctionnant qu'avec des dons.

 

  • Les ressourceries ou comment valoriser ses objets oubliés ?

C'est au Québec que le terme "ressourcerie" trouve son origine. Depuis, les ressourceries ont traversé l'Atlantique et ont peu à peu gagné nos contrées. Via un arrêté gouvernemental, la Wallonie a adopté et adapté le concept en 2009. L'objectif premier ? La collecte de biens, la plupart du temps par la récupération des encombrants et leur remise en état et en circulation. On retrouve généralement du mobilier, des bibelots, de la vaisselle, de l'électroménager, des ordinateurs, des vêtements. Les dons d’objets réutilisables permettent aux entreprises sociales et circulaires de soutenir des projets de solidarité et donnent de l’emploi local en Wallonie et à Bruxelles ! Chaque année, c’est 46 000 tonnes d’objets de notre quotidien qui sont revalorisés.

La liste des services de collecte et points de collecte pour les encombrants, DEEE ( déchet d'équipement électrique et éléctronique), vélos et textiles ou encore matériaux de construction sont à retrouver sur le site de RESSOURCES, ici.

N'est pas ressourcerie qui veut !

Le terme est devenu une marque déposée par la fédération des entreprises d'économie sociale "Ressources" et son utilisation répond à des critères stricts en matière de valorisation, réutilisation, réparation des déchets, la revente directe et locale ainsi que l'éducation à l’environnement. Mais pas seulement : dû à la diversité des domaines d'expertise qui y sont exploités (logistique, informatique, menuiserie, administration...), la plupart de nos ressourceries intègre également un volet de réinsertion professionnelle dans leur charte et permettent ainsi de remettre au travail des personnes en situation d'exclusion.

 

  • Les gratiferias ou marchés du gratuit

 

Gratiferia : kesako ?

Deux mots espagnols en un ; gratis et feria qui se traduisent en français par « foire gratuite ». Ici, vous l'aurez compris, pas question de monnayer ses biens, tout est gratuit ! Né en Argentine en 2010, le concept repose sur un principe simple : donner des vêtements ou des objets inutilisés troqués contre d'autres ou tout simplement donnés sans contrepartie.

Et la bonne nouvelle, c'est que ces donneries en ligne ou ailleurs prolifèrent et ça, ça fait du bien à notre humanité ! Des initiatives, la plupart du temps citoyennes, qui récoltent vos objets adeptes du placard pour les proposer au prix de... zéro euro ! Une façon de raviver la flamme de nos possessions plongées dans l'obscurité, mais aussi celle des plus démunis en leur permettant d'accéder à des biens essentiels.

https://www.asblrcr.be/donnerie

https://donnerie.be/

Les book box

Ces mini bibliothèques de rue en libre service qui s'invitent sur les murs dans nos quartiers permettent à tout à chacun de déposer ou repartir avec des livres gratuitement. Découvrez les boîtes à livres de votre quartier sur cette loppée par le site d'informations locales de la RTBF Vivre ici .

Les givebox

Basées sur le même principe que les book box, on les retrouve elles aussi sur nos trottoirs, accueillant vêtements, petits objets déposés par des habitants.

 

  • Objet-o-thèques

Emprunter un lit pour bébé ou encore une table de massage n'a jamais été aussi simple. Il existe différents réseaux de voisinage en ligne vous permettant de partager entre voisins certains de ces objets utiles qu'on n'a pas forcément chez soi ou que l'on utilise qu'en de rares occasions.

Des services à la personne sont aussi proposés par les voisins. Mutualiser les biens et partager ses compétences permet de faire des économies, d'éviter d'avoir du matériel qui prend la poussière, de réduire son empreinte écologique, mais aussi de favoriser avant tout l’échange, le partage et l’accessibilité dans une démarche de mixité sociale.

Et vos voisins sont généreux ! On trouve toutes sortes de prêts sur le site : perceuse, balance culinaire, camion, barbecue, centrifugeuse, chauffage électrique, livres, tondeuse à gazon ...

Quelques sites de partage d'objets :

https://www.hoplr.com/fr

https://www.peerby.com/

Retrouvez  en Wallonie et à Bruxelles le catalogue des bibliothèques d'objets où vous pouvez vous fournir principalement en outils, ici

Vous l’aurez donc compris, il existe des tas de manières de limiter sa surconsommation et trouver des solutions au gaspillage à côté de chez nous. Nous espérons que ce petit tour d’horizon des lieux 100% récup de notre pays vous donnera envie de faire le grand tri.

Et si on achetait rien de neuf en 2022 ?

 

 

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